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Autour de SAMHAIN  ☽★☾ célébrer les ancêtres et partager la lumière

SAMHAIN ……

Alors que la nature s’endort doucement, les nuits s’étirent, et la brume fait son apparition, voilant le paysage d’un manteau mystérieux. Les premières gelées annoncent l’arrivée de la « saison froide » (An Hañv Bleun en breton), laissant des cristaux blancs sur les toiles d’araignées suspendues aux hautes herbes. Dans ces paysages qui appellent à la contemplation, la sève de vie redescend au cœur de la Terre, tandis que les arbres se dépouillent de leurs feuilles, et que les herbes et dernières fleurs s’inclinent. Les dernières récoltes se terminent, avec les ultimes cueillettes de châtaignes et de noisettes.

Chez les anciens Celtes, la nouvelle lune de novembre était un moment sacré, marqué par la célébration de la septième fête soli-lunaire de leur roue médecine. Pendant les trois nuits de Samhain, les frontières entre le monde visible et les mondes invisibles s’effacent, permettant une ouverture vers les royaumes de l’Au-delà, où résident les ancêtres et les esprits. Samhain, l’une des huit fêtes majeures qui jalonnent l’année celtique, incarne un temps de transition sur la roue du temps — celui du passage d’une année à l’autre. Ce moment d’entre-deux ouvre un seuil vers l’Autre Monde, le domaine mystérieux des dieux et des âmes des défunts.

Chez les Celtes gaulois, Samhain est appelée Tri Nox Samoni, ou « les trois nuits de l’assemblée » (un terme dont la racine est apparentée au sanskrit sâmana), tandis qu’en breton, elle est nommée Gouel an Anaon, signifiant « la fête des âmes » ou « la célébration de l’Autre Monde ».

La conception bretonne de l’au-delà, appelée Anaon, est unique en Europe : elle perçoit morts et vivants comme des communautés voisines qui s’entrelacent à des moments spécifiques de l’année. Gouel an Anaon, à l’origine une fête celtique pour honorer les défunts, est devenue la Toussaint catholique, bien que cette tradition païenne ait perduré jusqu’au siècle dernier (notamment en Irlande). Le soir de Samhain, des offrandes de nourriture – galettes, pain, lait et cidre – étaient préparées pour accueillir les âmes des défunts du cimetière, et une grosse bûche (kef an anaon) était laissée dans l’âtre pour leur offrir chaleur et lumière. C’est dans cette tradition d’accueil que sont nées les lanternes de betteraves creusées et éclairées, guidant les âmes à travers l’obscurité de la nuit

Samhain : Une Célébration Agraire

Samhain, bien plus qu’une simple fête marquant le passage de l’année, est profondément ancrée dans les cycles agricoles et les rythmes de la nature. Pour les anciens Celtes, cette célébration était un hommage à la Terre nourricière, une reconnaissance des fruits de l’année écoulée et une préparation pour la période de repos hivernal. Samhain symbolise la fin des récoltes, lorsque les dernières moissons sont rentrées et les provisions stockées pour affronter la « saison froide ».

C’est un moment où la vie extérieure ralentit, où la sève des plantes et des arbres redescend dans les profondeurs de la Terre, et où l’humanité elle-même entre dans un temps de réflexion et d’introspection. En tant que fête agraire, Samhain était l’occasion de rendre hommage aux forces naturelles et aux esprits protecteurs des récoltes. Les anciens préparaient la terre à son sommeil, la remerciant pour son abondance tout en honorant le cycle perpétuel de la vie et de la mort.

Ainsi, au cœur de Samhain, se trouve la célébration du lien intime entre l’homme et la Terre, un respect profond pour le cycle de la nature et une reconnaissance de la fragilité et de la puissance de la vie qui se renouvelle.

Samhain : Célébrer les Esprits – l’union de Cernunnos et Dana

Chez les Celtes gaulois, Samhain représentait bien plus qu’un simple changement de saison. C’était un moment de passage, de transformation, une nuit où les frontières entre le monde des vivants et celui des esprits s’effaçaient, permettant aux âmes des défunts de revenir parmi les vivants. Samhain n’était pas seulement une fête dédiée aux ancêtres, mais aussi un temps de célébration du cycle cosmique où le soleil s’efface temporairement pour renaître à l’aube d’un nouveau printemps.

 

Cernunnos et le panthéon Celte

Dans cette nuit sacrée, les anciens Gaulois rendaient hommage à plusieurs figures mythiques, dont Cernunnos, le dieu cornu de la nature sauvage, symbole de fertilité, de renouveau, et de continuité du cycle de la vie et de la mort. Associé aux forces de la terre et des animaux, Cernunnos incarne la nature qui s’endort et se régénère dans les profondeurs pour resurgir au printemps. Pour les Celtes, il veille sur les âmes des défunts qui se mêlent à l’obscurité hivernale.

 

La Morrígan (Déesse de la guerre, de la mort et de la prophétie) est étroitement liée à Samhain. En tant que gardienne des âmes et prophétesse des cycles de vie et de mort, elle était invoquée pour guider et protéger. La Morrígan incarne aussi la force mystérieuse et la puissance féminine, symbolisant le renouveau qui émerge après l’obscurité. Elle est souvent représentée comme un corbeau, oiseau de présage, survolant les champs de bataille et annonçant les transformations à venir.

Dagda : Le Dagda, le « Bon Dieu », est une divinité de la prospérité, de la connaissance et de la protection. Durant Samhain, il était souvent invoqué pour assurer la fertilité et la sécurité pendant l’hiver. Dans la mythologie irlandaise, le Dagda aurait rencontré la Morrígan à Samhain, et leur union symbolise le cycle de mort et de renaissance qui caractérise cette période. Avec sa massue et son chaudron magique, le Dagda incarne la puissance bienveillante de la nature et son don de régénération.

À Samhain, les Celtes honoraient ces divinités pour solliciter protection, sagesse et guidance durant la « saison sombre ». Les rituels et invocations, souvent accompagnés de feux sacrés, avaient pour but de renforcer les liens entre les mondes, de célébrer les cycles de la vie et de la mort, et de se préparer à l’hiver en sachant que les dieux et les ancêtres veillaient.

Le déclin du soleil

Au-delà de Cernunnos, Samhain rendait également hommage au Soleil, qui malgré son déclin apparent, continue d’influencer la vie et promet de revenir. Les Gaulois croyaient que cette période sombre était un moment propice pour méditer sur les mystères de la mort et de la renaissance. Cette période de l’année était imprégnée de respect pour les esprits et de rituels pour apaiser les ancêtres, ainsi que pour honorer le lien qui unissait les vivants et les morts dans un cycle éternel orchestré par la nature elle-même.

 

Ainsi, Samhain chez les Celtes gaulois s’avérait être une célébration profonde, un hommage au Soleil en déclin, une reconnaissance de son rôle dans les saisons et les rythmes naturels, et à l’énergie créatrice de Cernunnos  qui veille sur la nature jusqu’à son renouveau printanier.

Les cycles de la nature et les mystères de la vie et de la mort étaient ainsi unis dans une danse intemporelle.

Samhain : le lien avec les ancêtres et les mondes invisibles

 

 

Les Celtes avaient une conception du temps et de l’espace spirituel très différente de la nôtre. Pour eux, Samhain représentait un moment charnière, où la frontière entre les mondes tangible et invisible s’effaçait, permettant une communication avec les âmes des défunts, mais aussi avec les esprits de la nature et les divinités. Ce moment de l’année, perçu comme une sorte de seuil ou de portail, facilitait une relation directe avec l’invisible. Cette connexion temporaire entre les mondes faisait partie d’un cycle naturel de la vie et de la mort, dans lequel l’esprit des morts restait présent et influençait les vivants.

Durant Samhain, les ancêtres décédés étaient particulièrement honorés et invités à se joindre à la fête. Pour eux, les vivants préparaient un « banquet des morts, » où de la nourriture et des boissons étaient laissées en offrande. Cette pratique, connue sous le nom de dumb supper en anglais moderne, consistait à dresser une table pour les morts avec des plats et boissons réservés aux ancêtres, souvent accompagnés de prières ou de chants pour honorer leur mémoire. Les familles partageaient des histoires sur ceux qui les avaient précédés, renforçant le lien générationnel et la mémoire des disparus.

Les feux de Samhain jouaient aussi un rôle central dans les rites. Les Celtes allumaient de grands feux de joie et de purification, souvent au sommet des collines, croyant que ces feux guidaient les âmes errantes et protégeaient la communauté contre les esprits malveillants. Les cendres de ces feux étaient parfois ramenées chez soi pour bénir les foyers. Des bougies étaient aussi placées aux fenêtres et aux portes des maisons pour montrer aux esprits le chemin de la lumière, leur permettant ainsi de retrouver la paix sans causer de perturbation dans le monde des vivants.

Enfin, pour se protéger des esprits plus dangereux qui pouvaient traverser le voile, les Celtes portaient parfois des costumes et des masques, pensant que ces déguisements les aideraient à passer inaperçus parmi les esprits errants. Les rites de Samhain intégraient ainsi des pratiques de communication respectueuse, de protection, et de célébration des cycles naturels de la vie et de la mort, faisant de cette fête un moment de lien sacré entre les générations et les mondes.

 Samhain est profondément lié au cycle de mort et de renaissance, un thème essentiel dans la spiritualité celtique. Pour les Celtes, la mort n’était pas une fin absolue mais une étape de transformation au sein d’un cycle plus vaste. Dans cette perspective, Samhain représente une mort symbolique qui prépare la terre, les êtres et l’esprit humain à un renouveau futur. C’est le moment où la nature elle-même se met en sommeil, où les feuilles tombent, où les jours raccourcissent et où la terre se prépare à la stérilité de l’hiver. Cependant, cette « mort » saisonnière est nécessaire pour la renaissance de la vie au printemps.

Pour les Celtes, la mort et la renaissance étaient un continuum, et Samhain constituait un moment clé où cette transition était célébrée. Ils croyaient que la nuit de Samhain, marquant la fin de l’année celte, permettait de clore un cycle et d’entamer un nouveau, tout en offrant une chance de renouer avec les forces de l’au-delà. C’était une période propice à la réflexion, au bilan, et au lâcher-prise des choses anciennes pour laisser place à la nouveauté. Ainsi, Samhain n’était pas seulement une fête pour honorer les défunts mais aussi un temps de purification spirituelle, de renouveau personnel et communautaire.

L’idée de renaissance était aussi incarnée dans des rituels de transformation personnelle. Les Celtes considéraient que le moment de Samhain offrait une occasion d’abandonner les vieilles croyances ou habitudes devenues obsolètes pour renaître spirituellement. Les feux de Samhain, par exemple, symbolisaient la purification. Les participants traversaient souvent la fumée ou sautaient par-dessus les flammes pour se libérer des énergies de l’année écoulée et se préparer intérieurement pour la suivante.

Aujourd’hui, beaucoup de personnes qui célèbrent Samhain continuent de voir en cette période un moment de connexion aux cycles naturels de mort et de renaissance. Des rituels tels que la méditation, le nettoyage spirituel et l’abandon symbolique de ce qui est révolu permettent d’entrer dans une « mort » symbolique personnelle. Ces pratiques invitent à laisser derrière soi les habitudes et croyances passées pour laisser place à un renouveau intérieur, en harmonie avec le cycle des saisons. Samhain nous rappelle ainsi que la mort n’est pas une fin, mais un passage essentiel, porteur de transformation et de nouvelles possibilités.

Pour ma part, je célébre souvent Samhain avec de petits rituels et de grands moments de contemplation. Je ne m’associe pas aux festivités d’Halloween, telles qu’elles sont pratiquées aujourd’hui (et qui à mes yeux ressemblent bien trop aux rites sataniques). Je me réserve souvent une soirée seule, pour faire mes rituels et mes méditations. Mais il m’arrive, selon l’envie, de le partager avec quelques amis, en terminant la soirée un peu déguisés, à la lumière des lanternes que nous avons taillées au préalable dans des navets ou des rutabagas. 

Je vous partage très rapidement, à la suite de cet article quelques idées de célébrations ou de rituels à faire pendant les 3 nuits de nouvelle Lune.